Notre histoire

L’école Sainte Anne ouvrit ses portes au mois de janvier 1890. La direction en fut confiée aux Frères des Ecoles Chrétiennes qui résidaient alors au pensionnat du Manège. M. Banctel fut le premier directeur de l’école Sainte Anne. Il fit sa déclaration d’ouverture à la mairie de Rennes le 12 décembre 1889 et exerça ses fonctions jusqu’en 1892.

En 1897, l’école Sainte Anne était fréquentée par plus de 180 élèves répartis en quatre classes. On utilisait alors pour les élèves les plus avancés une vieille maison d’habitation située à l’Est de la cour près de l’entrée du jardin. Pendant la guerre de 1914-1918, le gouvernement permit de confier la direction des écoles chrétiennes à des institutrices. La direction de l’école Sainte Anne fut donc confiée à Mlle Herpe.

De 1927 à 1934, le jeune Marcel Callo fut élève de l’école Sainte Anne. Nous n’avons malheureusement plus aucun document sur l’école après 1936. Après la béatification de Marcel Callo en 1987 par le Pape Jean-Paul 2, l’école Sainte Anne fut renommée en 1991 Ecole Marcel Callo.

Qui est Marcel Callo ?

Né à Rennes et mort en déportation à 23 ans, le 19 mars 1945, le bienheureux Marcel Callo est une figure de sainteté pour les catholiques d’Ille-et-Vilaine mais aussi une personnalité de la ville de Rennes.

Marcel est né à Rennes le 6 décembre 1921 dans la paroisse de Saint-Aubin (aujourd’hui Notre-Dame de Bonne-Nouvelle). Deuxième d’une famille de 9 enfants dont 3 garçons et 6 filles, Marcel se révèle malicieux, taquin, très affectueux et sait reconnaître ses torts. Déjà se manifeste son talent de meneur de jeu. Il va entrer à l’école Sainte-Anne de la rue de Dinan. Il est doué mais souvent inattentif et obtient son certificat d’études en candidat libre.

Il adhère à la Croisade eucharistique des jeunes, mouvement issu de la 1ère Guerre mondiale (aujourd’hui devenu le Mouvement Eucharistique des Jeunes – MEJ), dont le but est d’apprendre aux enfants et adolescents à faire de leur vie une prière ininterrompue, en plaçant l’Eucharistie au cœur de toute initiative, dans un but apostolique, selon la devise des croisés: « Prie, communie, sacrifie-toi, sois apôtre ».

En 1933, il adhère aux Scouts de France, dans la patrouille des Hermines de la Troupe Jacques-Cartier à Rennes, puis devient chef de patrouille.

En 1934, à 12 ans, il entre en apprentissage et prend à cœur son rôle d’aîné après le départ de son frère, Jean, au séminaire.

Apprenti typographe à l’imprimerie Simon en 1934, il apprécie ce métier pour lequel il a rapidement certaines facilités.

Son dynamisme se heurte à des préoccupations beaucoup plus malsaines des ouvriers plus âgés qui se targuent d’initier les plus jeunes. Sur les conseils de sa mère, Marcel se tourne vers la Vierge, secours des adolescents; cela lui vaut le surnom de « Jésus-Christ ». Malgré tous ces obstacles, le jeune homme devient rapidement un ouvrier compétent et honnête, apprécié de son contremaître et des jeunes apprentis qu’il protège. Les débuts s’avèrent pourtant difficiles : l’ambiance de l’atelier est pesante.

Inséré dans le monde professionnel, il quitte le scoutisme un peu à contrecœur, et milite à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) à la section St-Aubin en 1936. Il tient à privilégier la vie spirituelle comme source de toute action, dans un monde ouvrier très déchristianisé. Devenu président de la section, il se dépense sans mesure pour assumer les responsabilités pratiques et surtout morales que cela implique. Il participe au congrès national de la JOC à Paris en 1937 avec 85 000 jeunes : un évènement qui le marquera tout au long de sa vie.

Il se fiance le 6 décembre 42 avec Marguerite Derniaux (elle assistera à la béatification de Marcel en 1987 et décèdera en 1991).

La sœur cadette de Marcel, Marie-Madeleine, jociste elle aussi, décède dans le bombardement de Rennes le 8 mars 1943. Trois jours plus tard il reçoit sa convocation pour le Service du Travail Obligatoire (STO) en Allemagne. Malgré son déchirement (sa fiancée, sa famille…), il accepte de partir, d’une part pour éviter des représailles sur sa famille, d’autre part dans une perspective missionnaire : là-bas également l’apostolat est urgent.

19 mars  1943 : il arrive à Zella-Melhis, province de Thuringe (Allemagne), et loge dans un camp de 3000 ouvriers environ. Il travaille dans une fabrique de revolvers lance-fusées. Les deux premiers mois sont très difficiles, la dépression est proche. Il milite clandestinement dans l’action catholique avec d’autres réquisitionnés et cela pendant plusieurs mois sans encombres.

L’inévitable arrive, il est arrêté pour son militantisme le 19 Avril 1944 parce que « trop catholique ». Il est transféré à la prison de Gotha. D’abord en cellule, il est regroupé par la suite avec d’autres chrétiens au 3e étage de la prison. Avec les principaux dirigeants jocistes de Thuringe (ils seront 12), ils vivent une vraie vie de prière et de partage.

Puis, il est alors déporté, d’abord au camps de concentration de Flossenburg (en Bavière, où fut pendu Dietrich Bonhoeffer) en octobre 1944, puis à Mauthausen (en Autriche) : travail forcé 12 heures de suite, le fouet, la nourriture quasi inexistante, promiscuité, rassemblement sadique et interminable dans le froid. Il pâtit avec les autres déportés de l’affolement des nazis devant l’alliance alliée. Il travailla surtout à Gusen II, le pire des kommandos.

Après avoir perdu 40 kilos, souffrant terriblement de l’estomac, et malgré sa combativité et sa foi toujours présente, il succombe à diverses maladies le 19 mars 1945, à 23 ans. Un de ses camarades l’assiste, bouleversé devant son attitude. Le colonel Tibodo témoignera : « J’ai connu Marcel Callo pendant quelques heures seulement, celles qui ont précédé sa mort en mars 1945, un mois et demi avant la libération. Je ne l’ai connu qu’aux dernières heures de sa vie : il est mort en quelque sorte dans mes bras. Cependant cela m’a suffit pour constater que ce garçon était de beaucoup au-dessus de la nature humaine ordinaire. (…) Si j’ai gardé son souvenir, alors que j’ai passé par plusieurs camps et que j’ai connu de nombreux prisonniers, c’est que Marcel Callo avait un regard vraiment surnaturel. Le témoignage que j’ai donné est au-dessous de la réalité : le regard était plutôt un regard d’espoir, l’espoir d’une vie nouvelle. Si moi, parpaillot, qui ai vu des milliers de prisonniers mourir, j’ai été frappé par le regard de Marcel Callo, c’est qu’il y avait en lui quelque chose d’extraordinaire. Ce me fut une révélation : son regard exprimait une conviction profonde qu’il partait vers le bonheur. C’était un acte de foi et d’espérance vers une vie meilleure. Je n’ai jamais vu chez un moribond un regard comme le sien ».

Le mardi 12 juin 1945, un service funèbre fut célébré pour le repos de l’âme du jeune martyr Marcel Callo en la basilique Notre-Dame de Bonne-Nouvelle de Rennes. Par la suite, le Père Jégo, aumônier du lycée St-Martin de Rennes et ami de la famille, entreprit d’écrire un livre sur la vie du jeune Marcel Callo, ouvrage qui parut à la fin de l’année 1946. Très vite, ce livre connu un grand succès et il fut traduit en de nombreuses langues, dont en allemand par un certain Père Gérardi qui sera, avec sa secrétaire, Rosemarie Scholze (devenue Mme Pabel), le grand promoteur de la cause de béatification de Marcel Callo.

C’est lui qui insistera auprès de l’évêque de Rennes, mais aussi du Pape Pie XII pour que s’ouvre le procès informatif diocésain, première étape du procès de béatification. Ce sera finalement le Cardinal Paul Gouyon qui s’attèlera à cette tâche, rédigeant lui-même un ouvrage sur le jeune rennais : « Marcel Callo, témoin d’un génération ». Finalement, il faudra attendre le dimanche 4 octobre 1987 pour que le Pape Jean-Paul II, à l’occasion du synode mondial des évêques sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde », béatifie le jeune Marcel Callo, en même temps que deux jeunes italiennes, Antonia Mesina et Pierina Morosini, martyres elles aussi.

Le rayonnement posthume de ce jeune breton ayant rejoint le Christ à 24 ans est immense, notamment chez les catholiques allemands qui l’associent d’emblée à Edith Stein ou Maximilien Kolbe. Le bienheureux Marcel Callo est désormais fêté dans son diocèse de Rennes le 19 avril, date où il fut arrêté à Zella-Melhis ; le 19 mars, date de sa mort, étant la fête de Saint Joseph. De nombreuses églises ou paroisses sont placées sous l’invocation de Marcel Callo : Tremblay-en-France, Rennes, Nantes, Caen, Lille, Flers-de-l’Orne, Douai, Savigny-sur-Orge, La Haye-du-Puits, Montferrier-sur-Lez, ainsi qu’en Autriche dans le diocèse de Linz.

marcel callo